L’intention de la commission européenne de prolonger l’usage du glyphosate dans l’agriculture a suscité de violentes réactions de la part de ceux qui en réclament l’interdiction depuis longtemps, en raison de ses effets supposés désastreux pour la santé. Des études semblent en effet indiquer de possibles effets cancérigènes. D’autres études, sans en faire un élixir de longue vie, concluent qu’il n’est pas possible, en l’état actuel des connaissances, de se prononcer vraiment.
Il n’est pas question de trancher entre ces deux points de vue. On peut s’interroger toutefois sur la multiplication des propos tendant à démontrer que l’on vit en enfer et que tout pousse à notre perte : les produits phytosanitaires, la malbouffe, les ondes du téléphone mobile, celles émises par les lignes haute tension d’EDF, la consommation d’antibiotiques par les animaux d’élevage, les méfaits du nucléaire…
Toutes ces agressions contre la santé humaine se sont développées depuis la seconde guerre mondiale.
Or en 1946, l’espérance de vie des femmes en France était de 65 ans et celle des hommes de 60 ans. Elles sont passées respectivement à 85 et 80 ans. Il y a désormais dans notre pays 30 000 centenaires dont bon nombre dans un état de santé correct comparé à 300 en 1950. Toutes choses étant égales par ailleurs, l’arrivée à cet âge des enfants du baby-boom devrait faire doubler ce chiffre à partir de 2046. Cet allongement de l’espérance de vie, ce grand nombre de centenaires, ont-ils été atteints malgré les agressions dont ils ont souffert toute leur vie, ou parce que celles-ci étaient finalement moins pénalisantes que les progrès dont elles étaient une condition regrettable mais incontournable à l’époque ?
Dans notre société de consommation, des idées, des personnalités ou des objets peuvent du jour au lendemain envahir l’esprit des hommes, pour le meilleur ou pour le pire, au point qu’aucune parole dissonante n’est entendue.
Ce fut le cas, par exemple, pour la consommation des graisses animales saturées. Une étude américaine de 1967 a démontré le caractère dévastateur de la consommation d’acides gras saturés pour la santé humaine. Depuis, d’autres études ont prouvé le contraire sans jamais recevoir d’écho médiatique, ni d’attention des autorités sanitaires satisfaites de l’existence d’un dogme. Il semblerait que cette politique suivie depuis 50 ans, pourrait avoir contribué à l’explosion de l’obésité aux États-Unis, un des plus grands problèmes de santé publique auxquels ils sont confrontés !
La mobilisation contre les acides gras saturés tend à s’estomper en raison de la multiplicité des études démontrant la complexité du problème et parce que l’opinion publique, ne pouvant chevaucher simultanément qu’un nombre limité de dadas, en a trouvé d’autres.
Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène et des influenceurs qui n’ont jamais tenu en main une éprouvette, voire un livre de science, peuvent être considérés comme détenteurs d’une vérité scientifique incontestable !
Le vivant est extraordinairement complexe et toute idée le concernant un tant soit peu simpliste est nécessairement fausse. Mais la simplicité séduit plus que la vérité.
Si aucune situation ne comporte que des avantages, les poulets aux hormones, les animaux dopés aux antibiotiques et les fruits et légumes récoltés grâce à l’emploi trop généreux de produits chimiques ont permis à la multitude de manger à sa faim, de gagner en moyenne 10 cm de taille et 20 ans d’espérance de vie à la naissance.
Il n’est pas assuré que les comportements vertueux désormais vantés aient des effets aussi positifs.